jeudi 26 juillet 2012

Ot-Kaï


 Après plusieurs mois d’absence, je tente une fois de plus de renouer le contact avec le blog. J’espère que mes lecteurs ne m’en veulent pas concernant le défaut de nouvelles histoires excitantes retraçant la vie en Altaï.
La cérémonie Ot-Kaï (Feu-récitation épique en chant de gorge) a eu lieu fin juin dans le parc « ethno-naturel » Ouch-Enmek, dans le district d’Ongudaï. Outre maints artistes qui font aujourd’hui référence dans le petit monde du chant diphonique altaïen (je rappelle que ces gens portent le nom de kaïtchis), des invités de toute la Russie et de Mongolie étaient présents. Cette cérémonie était organisée dans le but de rappeler l’esprit du chant de gorge, le kaï-êêzi, sensé avoir disparu du corps des chanteurs à l’époque soviétique. En effet, certains chanteurs sont dits être habités par un esprit qui leur inspire leurs chants (ils sont alors nommés êêlu-kaïtchis). Malheureusement, ces personnes se trouvent être en très petit nombre actuellement, tellement petit qu’il n’y en a qu’un ! Et encore, cette caractérisation, sujet de ma recherche, est elle-même sujette à controverse : qui caractérise qui, comment et pourquoi ?
Bref, c’était pour apporter quelques nouvelles réponses à ces questions que je m’étais rendu à cette céréonie. Nous étions donc réunis presque à l’identique de l’année dernière attendant avec impatience que la nuit tombe et que nous puissions assister au récit d’une épopée dans sn entier.
La journée, entre deux repas et excursions sur les sites funéraires et pétroglyphes datant de l’époque scythe, des cérémonies chamaniques se déroulaient. Celle du jeune chamane mongole était de loin la plus attendue. Dit être très puissant, héritier des gestes et chants d’un grand chamane, c’est avec surprise que j’ai pu mesurer l’intensité de sa « force » lors de sa transe : il a vidé une bouteille et demie de vodka en deux heures ! Son assistant lui servait avec dévouement de grands godets d’une boisson nommée Chingis Khan que les esprits qui l’habitaient réclamaient avec insistance. A terme de cet impressionnant rituel, il ne paraissait même pas ivre ! Puis nous avons tous été invités à nourrir le feu avec des aliments « blancs » (= purs), c’est-à-dire préparés principalement à base de produits laitiers et farineux, apportés de Mongolie par le chamane lui-même. De la viande de mouton a également été offerte au feu, puis ce fut à notre tour de nous régaler de ces différents mets. Pour terminer, nous fûmes invités à nous rendre à tour de rôle auprès du chamane qui nous proposait une prise de tabac. Il fut demandé à certains de s’agenouiller face à lui, afin qu’il puisse de son fouet les frapper, afin d’ôter toute énergie négative de leur corps.
Débarassés de toute onde néfaste, nous étions prêts pour soutenir les musiciens dans leur quête de l’esprit.